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La maison qui s'éteint


 

"LA MAISON QUI S'ETEINT"

Quand les jours passent et que tu blanchis,
Je me souviens de mes jeux d'enfant.
Je surprends mon corps grandi
Et j'ai peur du temps.

Le vent a soufflé sur mon jardin doré
Et tes mains ridées tremblent un peu
Quand je parle de nos journées
Et du temps où tu lissais mes cheveux.

Les arbres ont grandi devant la maison,
Mon tas de sable s'est envolé.
Les nuits on plissé ton front
Et tes yeux ne voient plus l'été.

De l'ombre balaie tes joues
Et les plantes n'ont plus de vie.

Parfois ton regard devient flou.

Ta main sur ta blouse se raidit.

Quand les soirs passent et le temps aussi,

Je revois dans un nuage d'eau

Le reflet de nos chansons pâlies

Et j'ai peur des cyprès si hauts.

Le feu s'est éteint dans la cheminée

Et ton corps s'endort lentement

Dans cette maison griffée

Par les jours et les heures d'antan.

J'ai quitté l'enclos aux arbres si beaux

Et la maison s'est fermée

Sur nos rires et nos secrets.

Ta main froide a glacé ma peau.

Jocelyne Quénon

("souvenirs d'enfance" )